La Vigne de Poisy

Certaines familles de Poisy gardent la mémoire d’une parcelle de vigne, des vendanges et du vin produit par un grand-père.

 

De nos jours, au XXI ème siècle, il ne persiste plus qu’une parcelle de vigne à Poisy.

La commune en a fait l’acquisition comme lieu de mémoire du patrimoine agricole et une association s’est créée pour cultiver cette vigne  et la mettre en valeur ainsi que d’autre éléments du patrimoine.

 

Trois siècles plus tôt, cette vigne existait déjà et le cadastre sarde nous apprend qu’elle appartenait à Pierre Chastel, habitant de Monod et que ses 636 m2 produisaient 7 barils de vin (environ 450 l ). 

Au XVIII è siècle

 

En 1732, la Mappe Sarde est un plan cadastral de chaque commune (paroisse disait-on alors) du duché de Savoie précisant, entre autres, la nature des cultures. Un exemplaire est conservé par les communes, l’autre étant aux archives départementales. Il montre bien les secteurs de vignoble.

 

  • Tout le coteau sous Monod et Vernod est en vignoble avec des surfaces comparables à celles de 1866. Les pentes entre Monod et le Fier sont déjà en vignes sous le nom de Maresise.

  • Sur la rive droite du vallon du ruisseau de Glaves, sous le hameau de Ronzy, les surfaces plantées de vigne sont plus importantes qu’au siècle suivant, avec des lieux nommés Le Baron, les Verserules, les Charrières, les Plattes, la Planche de Rongy et les Rochettes.

  • A Macully, la vigne est aussi plus étendue avec un Cloz de Macully couvrant tout le coteau orienté sud.

  • Entre Marny et Moiry il existe aussi un petit secteur de vigne nommé le Plantet.

Cette Mappe se double de documents à visée fiscale qui détaillent pour chaque parcelle le nom du propriétaire, la surface, le type de culture, le rendement en volume et le rapport en valeur. 

Ceci montre que la majeure partie des vignes de Poisy appartiennent alors aux « communiers », c’est à dire aux habitants. Les nobles, les écclésiastiques et les bourgeois d’Annecy n’en possèdent qu’une toute petite partie.

Des études ont porté sur les comparaisons avec les rendements des autres communes du bassin annécien et de la moitié sud du département de l’actuelle Haute-Savoie. Elles montrent que les vins de Poisy sont parmi les plus recherchés avec un prix moyen de 17 deniers/l ( les mesures sont transcrites avec les unités actuelles), alors qu’Annecy, Menthon et Annecy-le-Vieux sont autour de 16,5 deniers. Par contre les meilleurs rendements en volume par surface cultivée sont à Sévrier, Annecy-le-Vieux et Frangy. On note que la plupart des communes disposent alors d’un vignoble, même s’il est parfois de petite taille, car le vin voyage peu à cette époque. D’autres sources indiquent que le vin de Poisy approvisionnait surtout la ville d’Annecy.

Au XIX è siècle 

 

Le cadastre de 1866 permet d’évaluer l’étendue des vignes sur la commune de Poisy peu après l’Annexion de la Savoie à la France et décrit ainsi la situation au milieu de ce siècle.

 

Le vignoble est encore assez étendu sur la commune, essentiellement sur les coteaux bien orientés, dont certains sont actuellement retournés à la forêt.

  • Tout le coteau sous Monod et Vernod est occupé, avec trois secteurs :

. Le Grand Clos, immédiatement sous le hameau de « Monnod ».

. Le Clos de Monnod, en position médiane, entre ce hameau et le chemin des vignes.

. Le Petit Clos, entre ce chemin des vignes et l’actuelle RD 14.

Cette moraine avec des pentes orientées au sud-est est le cœur du vignoble de Poisy.

. Il existe aussi des vignes nommées les Maraichères, dans la pente plus abrupte descendant de Monod jusqu’à la voie de chemin de fer.

  • Sur les pentes entre Ronzy, Bourgogne et le ruisseau de Glaves, se trouve un autre secteur de vignes : les Plales.

  • Un petit secteur, les Vignes des Palins, est proche de Macully sur le coteau orienté plein sud, en direction de l’actuel lycée agricole.

 

On ne sait pas quels sont les cépages cultivés alors à Poisy, probablement les mêmes qu’à Frangy.

Les années suivantes vont connaître le grand déclin avec trois  épreuves en moins d’une génération: 

 

– En 1861, l’Annexion de la Savoie va faire disparaître les barrières     douanières avec la France et permettre la venue massive des vins de la vallée du Rhône et du Midi.

 

– En 1866, l’arrivée du chemin de fer à Annecy va permettre leur livraison rapide et facile, concurrençant ainsi les vins locaux. 

 

– Enfin, à partir de 1876, le phylloxera va atteindre la Savoie et ravager le vignoble.

Au XX è siècle 

 

Au XX è siècle, il ne s’agissait plus pour quelques agriculteurs que d’une production accessoire,  à usage purement familial. La catastrophe du phylloxera avait détruit, ou conduit à l’arrachage, la quasi totalité des vignes, à la fin du siècle précédent.

Les cépages résistants, d’origine américaine, qui avaient été replantés, donnaient une production de qualité médiocre. Parmi eux le Clinton et le Noah, dont la réputation de « vin qui rend fou » est très excessive, allaient même être interdits.

Dans certains secteurs des deux Savoie, les vignerons firent l’effort d’un renouvellement qualitatif avec des replantations de plans greffés avec  les cépages traditionnels savoyards. Les plus proches de Poisy sont autour de Frangy, de Seyssel ou en Chautagne. Cet effort qui conduisit à une meilleure qualité et aux appellations AOC renommées, n’a pas eu lieu à Poisy. La proximité d’Annecy fournissait des emplois d’ouvriers et la création d’une fruitière offrait des débouchés à la production laitière des agriculteurs.

 

Mais au delà de la mémoire des familles, des documents permettent de retracer l’âge d’or de la vigne à Poisy.

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